La cité perdue - Noël - La Marmite du Diable 1-2-3-4-5-6-7-8 - Exode - La friche du 2

* Quels sont ces trésors ?

-Des pierres qui brûlent et qui feront qu'un jour les voitures marcheront sans chevaux, les vaisseaux vogueront sans voiles et les lampes éclaireront sans huile.

* Il n'y a que la magie pour opérer de pareils prodiges. Cet homme est un sorcier ! Le juge prononça ces paroles avec un tel accent de haine que Jean leva les yeux. Le grand prévôt ressemblait trait pour trait, sauf la taille, à l'effrayant personnage que Hullos avait vu sous la terre; seulement, il avait caché ses cornes sous son bonnet, ses ailes de chauve-souris sous sa robe, son mufle sous une barbe touffue, et ses yeux de chat-huant sous des lunettes. Les regards du juge et de l'accusé se croisèrent. Les yeux du juge se dilatèrent comme s'il avait fait nuit. A l'aspect de ces deux flammes, le Cacheux sentit qu'il était perdu. Le prévôt parla ensuite quelque temps. De tout son discours.. Jean ne put ouïr que ces mots :

* Qu'on mène demain cet homme au supplice ! Et Jean fut reconduit en prison, au milieu des imprécations de la foule. Le lendemain, on vint le prendre pour le mener au bûcher sur la Grand 'Place.

C'était un samedi, jour de marché; il y avait beaucoup de paysannes des environs qui vendaient du beurre et des oeufs, et qui buvaient de la blanche bière dans les cabarets. Jean parut, la corde au cou et se traînant à peine. Jamais on n'avait vu un si vieil homme marcher au supplice, et les femmes ne pouvaient se tenir de le plaindre. Quant à lui, il était résigné. Après tout ce qu'il avait souffert depuis le soir où sa fatale curiosité l'avait conduit au fond de la terre, il aimait autant mourir que vivre. Pourtant, ce n'était point sans amertume qu'il envisageait son sort. II tenait en ses mains un secret qui pouvait faire le bonheur du monde, et ce secret, il l'emportait avec lui ! Tout à coup, parmi la foule rangée sur son passage, il aperçut une jeune paysanne qui allaitait un enfant. L'infortuné jeta un cri :

-Jeanne, ma chère Jeanne ! Et, avant qu'on eût pu l'arrêter, il courut la prendre dans ses bras. Il couvrait de baisers la mère et l'enfant, et ses larmes coulaient le long de sa barbe blanche. La mère et l'enfant ressemblaient si bien à sa femme et à sa fille que Jean oubliait que toutes deux devaient être mortes depuis longtemps. La jeune paysanne se sentait prise de pitié pour le vieillard et se laissait embrasser en pleurant elle-même.

-Te souviens-tu de Jean Hullos, Jean le Cacheux ? lui dit-il.

* Jean le Cacheux ? J'ai souvent ouï ma grand-mère prononcer ce nom, qui était celui de son grand-père. Une vieille femme de plus de quatre-vingts ans s'approcha alors.

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